HISTOIRE DE COURCELLES-SUR-NIED, PAR NICOLAS WEISSE
Le territoire de Courcelles fait partie de la région messine. Il fut successivement :
– Gaulois : un oppidum avait été construit par les habitants de Metz sur les hauteurs de Ste Croix.
– Romain : après la conquête de la Gaule par Jules César (58 à 51 avant Jésus Christ). Des vestiges d’une villa romaine ont été mis à jour à Sorbey. Divodorum (Metz) était une ville romaine florissante avec un immense amphithéâtre au Sablon, une basilique à l’emplacement de la plus vieille église de France (St Pierre aux Nonnains).
– Chrétien à partir du IV e siècle, le christianisme étant reconnu religion officielle par l’État Romain.
– Envahi par les Vandales et les Huns au Ve siècle.
– Mérovingien jusqu’en 751.
– du Royaume d’Austrasie avec Metz comme Capitale.
– de l’Empire Carolingien qui sera partagé en 843 au traité de Verdun entre les petits-fils de Charlemagne. Le diocèse de Metz revient à Lothaire. Il est divisé en huit parties dont le pays messin. Courcelles fait partie du pays messin et subit ses coutumes.
–Thierry évêque de Metz, fonde en 968, l’Abbaye des Bénédictins terminée 200 ans plus tard. Il en reste la basilique St Vincent, le Lycée Fabert et la Manufacture de Tabac.
– Otton, empereur d’ Allemagne et les papes successifs encouragent son développement par leur générosité et des largesses.
– Une bulle du pape Alexandre III en 1177, accorde à l’abbé et aux religieux de St Vincent :
- – d’une part, les biens ecclésiastiques de Courcelles soit la dîme qui revenait jusqu’alors de droit à l’évêque de Metz.
- – D’autre part, le droit de patronage sur l’église de Courcelles ; l’abbé patron de l’église peut nommer et révoquer le vicaire desservant la paroisse.
– Une bulle de Célestin III confirme en 1192, le droit de patronage des Abbés de St Vincent sur l’église de Courcelles.
L’ère de la féodalité commence :
-L’abbé Warin de l’abbaye de St Vincent achète en 1248, les terres de Courcelles au Seigneur Gérard de Blory.
Les biens de Courcelles appartiennent d’une part, aux abbés de St Vincent qui entretiennent les lieux et objets de culte et assurent la portion congrue au curé desservant la paroisse et d’autre part à des seigneurs laïcs, anoblis, issus de la bourgeoisie qui assurent la protection et la sécurité de la communauté villageoise. Les seigneurs font partie de la haute justice.
La famille Baudinet représente une illustre lignée des Seigneurs de Courcelles notamment :
– Joseph Michel Baudinet avocat en 1695 au parlement de Metz puis président de la Cour Souveraine de Lorraine et Barrois.
– Jean Baudinet anobli par lettres patentes du duc de Lorraine le 6 août 1702.
– Jean Joseph Baudinet premier Seigneur de Courcelles à ajouter à son nom patronymique celui de sa seigneurie.
– François Pascal Baudinet de Courcelles conseiller à la Cour de Lorraine et Barrois et juge souverain pour le roi des principautés Comté de Salm et baronnie de Fénétrange.
En compensation, la communauté villageoise payait taxes et impôts au clergé et au Seigneur. Elle était contrainte d’utiliser le moulin local contre rémunération. Elle élisait son maire de communauté pour un an. Il transmettait les plaintes des habitants au seigneur notamment les demandes de réduction d’impôts et de dîmes.
Dans chaque seigneurie se trouvait un maire de justice, élu pour un an par le seigneur. Il assurait la justice locale limitée au ban de la seigneurie.
En 1404, les Seigneurs de Boulay, de Nassau de Salm et d’Apremont ravagèrent de nombreux villages du pays messin.
Ils incendièrent Villers et Berlize, ils prirent les maisons fortes de Sorbey et Villers.
La ville de Metz fit la paix contre 13 000 florins somme à récupérer par impositions spéciales fixées d’après un recensement spécial. Courcelles y figurait avec 13 feux, 46 vaches, 16 chevaux, 44 porcelets et 50 moutons.
En 1552 Henri II s’empare des trois Évêchés. Metz, Toul et Verdun deviennent officiellement français en 1648 par le traité de Wesphalie.
Le même traité mit fin à la guerre de Trente ans qui fut l’une des guerres les plus cruelles et dévastatrices pour tout le pays messin.
Les lois du royaume de France remplacèrent les coutumes du pays messin et régissent la communauté villageoise.
Par contre le duché de Lorraine avec Lunéville pour capitale est rendu au duc Léopold en 1697 puis cédé à Stanislas Leczczynski jusqu’en 1766.
À la mort de ce dernier, le duché de Lorraine rejoint les Trois Évêchés dans l’unité du royaume de France.
À la veille des États Généraux, les Courcellois comme les autres sujets du roi sont invités à rédiger un cahier de doléances.
Il sera présenté le 9 mars 1789 aux députés. Les villageois sont malheureux et écrasés par les charges. Les conditions de vie n’avaient guère évoluées depuis cinq siècles.
L’ancien régime prend fin.
À la Révolution, en 1789, les possessions de l’Abbaye St Vincent sont déclarées biens nationaux et vendues aux enchères aux plus offrants le 19 avril 1791.
La loi prévoyait que tout particulier pouvait acquérir des biens ecclésiastiques confisqués par l’État. Toutefois cette loi consentait dans un article à distraire 1/ 16e de ces biens au bénéfice de la commune à un prix raisonnable fixé par les Domaines, si la commune avait l’intention d’accéder à la propriété. Le Château, le Breuil et les terres sont vendus à M. de Latourelle à Metz, le moulin à M. Hennequin de Sanry-s/Nied et le presbytère à M. Résimont.. Le sort des Manouvriers trop pauvres ne s’améliore guère.
À partir de 1789, les nouvelles institutions instaurent dans les communes des assemblées locales représentées par un maire.
Le Consulat et le 1er Empire mettent en place une administration très structurée. La France est divisée en départements, subdivisées en arrondissements et en cantons. Chaque canton regroupe un certain nombre de communes.
Courcelles faisait partie du Canton d’Ars Laquenexy en 1798, An VII. Le 21 octobre 1801, notre canton était formé de 48 communes (dont Courcelles). Pange est officiellement reconnu chef lieu de canton le 13 décembre 1802 An X. et Courcelles y est rattaché.
Le maire et les conseillers municipaux étaient nommés par le pouvoir. Ils prêtaient serment de fidélité à la Constitution. Le maire est gestionnaire des biens communaux et officier d’état civil. Il assure l’ordre public. Son rôle est important. Le maire restait en place de longues années. Le système de vote censitaire limitait en 1807 à deux les électeurs de Courcelles : Hennequin Dominique et Hennequin Louis.
En 1808, le foin, l’avoine sont réquisitionnés et conduits au magasin du Port de Metz.
Chailly est annexée à Courcelles-sur-Nied en 1810, par décret impérial.
Les 8 et 9 juillet 1811, Courcelles salue la naissance du roi de Rome par 225 coups d’armes à feu, des feux de joie, des sons de cloches et des roulements de tambour.
Le 25 septembre 1814, le Conseil municipal prête serment de fidélité au roi Louis XVIII.
Le 20 avril 1815 le Conseil municipal prête serment de fidélité à l’ Empereur Napoléon 1er (les cents jours).
Juin, juillet 1815, le foin et l’avoine sont réquisitionnés et acheminés vers Peltre , St Agnan et Pange. Le Conseil municipal cherche un moyen pour se procurer de la bière pour les troupes en échange de vin.
La municipalité passe des accords avec boucher, brasseur et boulanger pour nourrir les troupes alliées.
Le 21 novembre 1815, le Conseil municipal prête à nouveau serment au roi Louis XVIII et obéissance aux lois du royaume (la restauration)
Le 02 novembre 1825, la commune alloue, une somme d’argent pour faire face aux dépenses de bouche et armes à feu pour célébrer la fête du roi Charles X.
En 1848, avec le second empire, le vote censitaire est supprimé en faveur du vote universel : tout citoyen majeur a le droit de vote. Les premières années, les votes avaient lieu au Chef lieu de Canton à Pange.
Le 05 mai 1848, le Conseil municipal se proclame pour la République française comme étant le gouvernement qui constituera et maintiendra les droits populaires.
Le 15 août 1848 le Conseil municipal se compose de 10 membres pour 61 électeurs.
Le 20 janvier 1850, la municipalité demande un drapeau confectionné à Lyon aux frais du Trésor national, les frais de port et d’emballage étant à la charge de la commune.
En 1851, Napoléon III prend le pouvoir, le plébiscite de Courcelles du 07 septembre 1852 est favorable au rétablissement de l’empire. Électeurs inscrits : 69, votants : 65, oui : 64, nul : 1.
Le 05 février 1854, le nouveau maire jure fidélité à l’empereur et obéissance à la Constitution.
Le 15 août 1857, la commune achète drapeaux et matériaux nécessaires à l’édification d’un arc de triomphe pour l’arrivée de sa majesté l’ Empereur Napoléon III au chef lieu du département.
Le 15 juillet 1870, Napoléon déclare la guerre à la Prusse. L’armée française n’est pas en mesure de faire face à l’armée prussienne nettement supérieure en nombre, bien entraînée et soutenue par une puissante artillerie.
Les batailles font de nombreuses victimes tant françaises qu’allemandes. Pendant les combats, les prussiens avaient installé une ambulance à Courcelles. Quant aux morts, ils étaient enterrés sur place. Un cimetière militaire allemand se trouvait à Courcelles, rue de la Nied, jusqu’en 1921. Durant la bataille de Noisseville, Herzog Ernst von Sachsen, tenait son quartier général au château de Courcelles du 1er au 10 septembre 1870 (*). En novembre 1870, des colonnes de soldats français se rendaient à la gare pour s’embarquer vers leur camp d’internement.
L’armistice est signé le 28 janvier 1871. Par le traité de Francfort le 10 mai 1871, la France est obligée de céder à l’Allemagne l’Alsace-Moselle. Courcelles-sur-Nied devient Courcelles an der Nied.
Le25 mai 1871, la municipalité vote les sommes nécessaires :
– à la réfection des ponts dévastés par les Allemands
– au paiement des trois hommes qui ont participé à la désinfection du village et des alentours
– à la confection à neuf de deux battants de cloche.
Courcelles sur Nied devient allemand.
Séance extraordinaire du 15 novembre 1871
Toutes les dettes de la commune sont éteintes, également le dégrèvement de 10 cts au principe des 4 contributions directes que la commune s’était imposée en 1869.
Le conseil municipal est satisfait des mesures financières prises par le gouvernement allemand en faveur de la commune.
En 1872, le service militaire dans l’armée allemande devient obligatoire. Toutefois, le traité de Francfort donnait la possibilité aux personnes majeures d’opter pour la nationalité française et de quitter la région avant le 1er octobre 1872.
Les villageois restèrent sur place, seule l’élite intellectuelle et marchande de la ville partait pour la France.
La langue allemande est officielle à partir de 1872, et devient obligatoire en 1888/89.
Mai 1875, le budget de la commune est présenté en Mark et en Pfennig.
En 1877 et 1878, le Conseil municipal fixe le montant des indemnités à allouer aux habitants pour les frais occasionnés par les grandes manœuvres (fourniture de foin pour les chevaux et de logement aux militaires).
Le 18 mai 1879 Monsieur André instituteur est nommé traducteur de la commune.
Les dix habitants les plus imposés de la commune assistaient aux réunions du Conseil municipal, relatives au budget et aux finances.
Conformément à la loi du 18 juillet 1837, ils étaient avisés dix jours avant la réunion.
En 1887, l’instituteur et les élèves se rendent à Metz à la réception organisée en l’honneur de son altesse, le prince impérial.
En 1888, la commune verse 10 Marks pour financer l’érection de la statue de l’empereur Guillaume.
À partir de 1890, les délibérations du Conseil municipal sont rédigées en allemand.
Les maires sont nommés par le Gouvernement allemand.
Le 15 août 1892, le Conseil municipal accorde 20 Mark pour participation aux frais de réception de sa Majesté l’Empereur Guillaume 1er à Urville.
Le 1er août 1914, le maire et deux conseillers sont mobilisés à la guerre de 1914/18
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France après l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc héritier François Ferdinand par un jeune serbe.
En 1914, Courcelles an der Nied, devient Kurzel an der Nied, puis en 1918, Oberkurzel.
En 1917, deux cloches de l’Église sont confisquées par les Allemands pour être fondues.
Les autorités ont décidé le 17 mai 1918, de construire un 5e abri. Ces abris seraient mis à la disposition des civils.
Quelques maisons furent endommagées par les bombardements tandis que neuf jeunes gens de la commune mourront à la guerre.
Le 11 novembre 1918, l’Armistice est signé à Compiègne.
En 1919, le traité de Versailles rend l’Alsace-Moselle à la France.
Courcelles est à nouveau français.
République française
Titre la première séance du Conseil municipal le 12 janvier 1919. Un arbre de la liberté, un tilleul est planté devant l’Église en 1919.
Le conseil municipal décide d’expulser de la commune tous les Allemands et descendants d’Allemands.
Des cours du soir de français sont dispensés aux adultes par l’instituteur.
Du fait de l’annexion le droit local est encore appliqué en Alsace-Moselle :
– le droit de chasse est régi par la loi du 7 février 1881 et administré par la commune pour le compte des propriétaires.
– le livre foncier est tenu au tribunal d’instance de Metz
– le Vendredi Saint et le lendemain de Noël sont fériés
– l’école primaire est confessionnelle.
L’Alsace-Moselle ayant échappé à la séparation des biens de l’État et de l’Église prononcée par Clemenceau en 1905, son clergé a gardé le statut de fonctionnaire.
Le monument aux morts érigé à la mémoire des victimes de la grande guerre est inauguré le 17 juin 1934 en présence de nombreuses personnalités et en l’absence du maire.
Début 1934, les conseillers municipaux désapprouvent l’attitude du maire M. Thuillier Paul. Ils se désolidarisent de leur maire, ne répondent plus aux convocations de réunion. En novembre le conseil municipal est dissous.
Une commission municipale administre la commune en attendant de nouvelles élections.
Pendant des années, des conflits surgiront entre l’ancien maire et les nouvelles municipalités. Certains conflits seront réglés par le tribunal cantonal de Rémilly.
Le 1er septembre 1939, Hitler déclare la guerre à la France. L’Alsace et la Moselle sont annexées de fait.
Courcelles devient un district de 6 650 habitants qui regroupe les communes de Laquenexy, Ars-Laquenexy, Sanrys/ Nied, Sorbey, Bazoncourt, Pange, Colligny, Maizery, Marsilly et Ogy.
Courcelles reprend le nom de Kurzel-an-der-Nied et l’ allemand redevient langue officielle.
- Tillement René administre Courcelles. Le secrétariat de mairie est assuré par un secrétaire allemand assisté de deux employées de bureau.
De nombreux villageois furent expulsés en novembre 1940 à destination du Lot et Garonne. Quelques cheminots sont laissés en place au service d’une administration despotique.
Des « Siedlers » (colons) s’installent au village et exploitent les biens des expulsés.
En 1941, le curé LAGRANGE et son vicaire ETZLINGER sont également expulsés par l’ennemi.
Lors des bombardements, les villageois se regroupaient dans les trois abris que comptait la commune.
La libération de Courcelles le 20 novembre 1944, par les Américains se fit sans témoin ; les civils allemands avaient quitté le village peu de temps auparavant et les habitants qui étaient restés furent évacués pendant quelques jours.
La commune eut à déplorer une victime militaire et de nombreux dégâts matériels peu conséquents.
Les habitants qui avaient été évacués au début des hostilités revinrent au village fin 1944 début 1945, après quatre années d’absence.
Les relations entre ceux qui étaient partis et ceux qui étaient restés n’étaient pas des meilleurs. Seul, le temps améliorera le climat de méfiance qui régnait entre les deux clans.
Du 13 janvier au 30 avril 1945, une commission municipale est constituée. Les Courcelloises voteront pour la première fois, lors des élections municipales des 23 et 30 avril 1945.
L’Armistice est signé le 8 mai 1945.
Cette municipalité restera en place jusqu’au 31 octobre 1947. M. Tillement Maurice est élu maire. Elle est chargée de faire procéder aux travaux de reconstruction et de réparation des dommages de guerre.
La commune adhère le 27 août 1947 à l’association des communes sinistrées de la Moselle. La IVe République prend fin le 8 janvier 1959. Sous la Ve République, le conflit d’Algérie marqua douloureusement Courcelles. Un enfant du village, militaire du contingent y laissa sa vie en 1959.
Le 24 avril 1961, à la suite du Putsch des Généraux d’Alger, le Conseil municipal se réunit en séance extraordinaire et vota à l’unanimité une motion de loyalisme au Président de la République Charles de Gaulle et l’assura de son appui total pour la défense des institutions républicaines.
Sous le septennat de François Mitterrand, les lois de décentralisation octroient au maire de la commune une plus grande autonomie administrative notamment en matière d’urbanisme et améliorent la situation financière du village.
Courcelles prend un nouvel essor.
Rédigé par Monsieur Nicolas Weisse qui fut instituteur à Courcelles-sur-Nied de 1946 à 1960. Passionné d’histoire locale, il s’est intéressé à celle de Courcelles-sur-Nied tout en faisant œuvre pédagogique, suscitant participation et intérêt chez ses élèves.
(*) – Gérard SCHUTZ nous signale qu’en 2019, il a découvert une plaque qui avait été scellée sur une maison signalant la présence d’un Grand Duc entre le 1er et le 10 septembre 1870. Le nom figurant sur la plaque est celui du Grand Duc Mecklenburg Schwerin Frederick Franz. Gérard SCHUTZ signale qu’il a bien entendu parler de la présence d’Herzog Ernst von Sachsen lors de cette période, mais qu’il n’a pour l’instant trouvé aucun document confirmant cette présence.
LE GRAND DUC MECKLENBURG SCHWERIN FRANZ, PAR GERARD SCHULTZ.
Gérard SCHULTZ a rédigé une fiche sur Frédéric-François de Mecklembourg, que vous pouvez télécharger en cliquant ici.